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HISTOIRE DE FRANCE

daient les églises comme des démembrements de leurs fiefs ; ils ne demandaient pas mieux que de les protéger encore, c’est-à-dire d’y mettre leurs hommes, en faisant élire ceux-ci par les moines ou chanoines. On n’eût pas attendu cette réforme aristocratique du concile de Bâle, à en juger par la prépondérance qu’y exerçait l’élément démocratique de l’Église, les universitaires. Ceux-ci avaient eu pourtant une leçon ; ils avaient travaillé ardemment à la réforme de Constance, et ils n’en avaient pas profité. Les évêques, relevés par eux, mais généralement serviteurs craintifs des seigneurs, faisaient élire les gens recommandés, et les universitaires mouraient de faim. L’Université de Paris, ne cachant point son désappointement, avait avoué à cette époque qu’elle aimait mieux encore que le pape donnât les prébendes[1]. À Bâle, elle crut avoir mieux pris ses précautions. Une part déterminée était assurée dans les bénéfices aux gradués, à ceux qui auraient étudié dix ans, sept ans, trois ans, et non seulement aux théologiens, mais aux gradués en droit, en médecine ; l’avocat et le médecin avaient droit à une cure, à un canonicat ; quelque bizarre que fût la chose, c’était un pas, nécessaire peut-être, hors de la scolastique. On offrait ainsi le choix aux patrons : seulement, en leur rendant ce beau droit de présentation, les universitaires se chargeaient modestement de désigner un certain nombre des leurs parmi lesquels ils pourraient choisir.

  1. Bulæus.