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HISTOIRE DE FRANCE

nier ; lorsque Philippe-le-Bon vint le voir, René lui fit présent d’un beau portrait de Jean-sans-Peur. Il n’y avait pas moyen de rester ennemi de l’aimable peintre ; le duc de Bourgogne lui rendit la liberté, sous caution.

Les princes se rapprochaient, et il ne tenait pas aux peuples qu’ils n’en fissent autant. Paris, gouverné par Cauchon et autres évêques, essaya de s’en débarrasser et de chasser les Anglais. La Normandie même, cette petite Angleterre de France, finit par se lasser d’une guerre dont on lui faisait porter tout le poids. Un vaste soulèvement eut lieu dans les campagnes de la basse Normandie ; le chef était un paysan, nommé Quatrepieds, mais il y avait aussi des chevaliers ; ce n’était pas une simple Jacquerie. La province ne pouvait manquer d’échapper bientôt aux Anglais.

Ils avaient l’air eux-mêmes de désespérer. Bedford délaissait Paris. La pauvre ville, frappée tour à tour de la famine et de la peste, était un trop affreux séjour. Le duc de Bourgogne osa pourtant la visiter ; il y passa avec sa femme et son fils, se rendant à la grande assemblée d’Arras, où l’on allait traiter de la paix. Les Parisiens le reçurent, l’implorèrent comme un ange de Dieu.

Cette assemblée était celle de toute la chrétienté. On y vit les ambassadeurs du concile, du pape, de l’empereur, ceux des rois de Castille, d’Aragon et de Navarre, ceux de Naples, de Milan, de Sicile, de Chypre, ceux de Pologne et de Danemark. Tous les princes français, tous ceux des Pays-Bas, étaient