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DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

Cette alliance n’avait jamais été solide ni sûre. Le duc de Bourgogne avait dans ses archives un gage touchant de l’amitié anglaise, à savoir : les lettres secrètes de Glocester et de Bedford, où les deux princes agitaient ensemble les moyens de l’arrêter ou de le tuer. Bedford, beau-frère du duc de Bourgogne, opinait pour le dernier parti, sauf la difficulté de la chose[1].

Les variations de cette orageuse alliance feraient toute une histoire. D’abord Henri V, outre l’argent qu’il donna au duc pour l’attirer dans son parti, semblait lui avoir fait espérer de grands avantages. Mais, bien loin de lui faire part dans leurs acquisitions, les Anglais essayèrent de prendre l’héritage de Hollande et de Hainaut, qu’il regardait comme sien. Dans leurs succès, ils lui tournaient le dos ou tâchaient de lui nuire ; dès qu’ils avaient besoin de lui, les dogues revenaient rampants.

Après leur équipée de Hainaut, serrés de près par Charles VII, ils apaisèrent le duc en lui engageant Péronne et Tournai, puis Bar, Auxerre et Mâcon. En 1429, ils refusèrent de remettre Orléans entre ses mains. Orléans pris et Charles VII marchant sur Reims, ils se jetèrent dans les bras du beau-frère, lui engagèrent Meaux et firent semblant de lui confier Paris. Lorsqu’ils eurent la Pucelle, et que leur roi fut sacré, ils firent acte de souveraineté en Flandre[2], écrivant aux Gantais et leur offrant protection.

Le duc de Bourgogne n’avait jamais eu grande

  1. App. 75.
  2. App. 76.