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J’ai tiré ce volume, en grande partie, des Archives nationales. Un mot seulement sur ces Archives, sur les fonctions qui ont fait à l’auteur un devoir d’approfondir l’histoire de nos antiquités, sur le paisible théâtre de ses travaux, sur le lieu qui les a inspirés. Son livre, c’est sa vie.

Le noyau des Archives est le Trésor des chartes et la collection des registres du Parlement. Le Trésor des chartes, et la partie de beaucoup la plus considérable des Archives (section historique domaniale et topographique, législative et administrative), occupent au Marais le triple hôtel de Clisson, Guise et Soubise ; antiquité dans l’antiquité, histoire dans l’histoire. Une tour du quatorzième siècle garde l’entrée de la royale colonnade du palais des Soubise. On s’explique en entrant la fière devise des Rohan, leurs aïeux : « Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan suis. »

Le Trésor des chartes contient dans ses registres la suite des actes du gouvernement depuis le treizième siècle, dans ses chartes, les actes diplomatiques du moyen âge, entre autres ceux qui ont amené la réunion des diverses provinces, les titres d’acquisition de la monarchie, ce qui constituait, comme on le disait, les droits du roi. C’était le vieil arsenal dans lequel nos rois prenaient des armes pour battre en brèche la féodalité. Fixé à Paris par Philippe-Auguste, ce dépôt fut confié tantôt au garde des sceaux, tantôt à un simple clerc du roi, à un chanoine de la Sainte-Chapelle, en dernier lieu au procureur général. Parmi ces trésoriers des chartes, il faut citer un Budé, deux de Thou[1]. Les destinées de ce précieux dépôt ne furent autres que

  1. Voir la notice de Du Puy, sur l’Histoire du Trésor des chartes, manuscrit in-4o de la bibliothèque du Roi ; imprimé à la fin de son livre sur les Droits du Roy. (1655.) Voy. aussi Bonamy, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions.