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HISTOIRE DE FRANCE

dans le monde occidental, combattons pour elle, nous serions forcés de délaisser la cause du Christ, si la grâce ne nous soutenait… Le Seigneur verra cela du haut de la montagne ; elle jugera les extrémités de la terre, cette Majesté terrible, qui éteint le souffle des rois. Pour nous, morts ou vivants, nous sommes, nous serons à lui, prêts à tout souffrir pour l’Église. Plaise à Dieu qu’il nous trouve dignes d’endurer la persécution pour sa justice !

« … Je ne sais comment il se fait que devant cette cour ce soit toujours le parti de Dieu qu’on immole, de sorte que Barabas se sauve, et que Christ soit mis à mort. Voilà tout à l’heure six ans révolus que, par l’autorité de la cour pontificale, se prolongent ma proscription et la calamité de l’Église. Chez vous, les malheureux exilés, les innocents sont condamnés pour cela seul qu’ils sont les faibles, les pauvres de Christ, et qu’ils n’ont pas voulu dévier de la justice de Dieu. Au contraire, sont absous les sacrilèges, les homicides, les ravisseurs impénitents, des hommes dont j’ose dire librement que, s’ils comparaissaient devant saint Pierre même, le monde aurait beau les défendre, Dieu ne pourrait les absoudre… Les envoyés du roi promettent nos dépouilles aux cardinaux, aux courtisans. Eh bien ! que Dieu voie et juge. Je suis prêt à mourir. Qu’ils arment pour ma perte le roi d’Angleterre, et s’ils veulent, tous les rois du monde : moi, Dieu aidant, je ne m’écarterai de ma fidélité à l’Église, ni en la vie, ni en la mort. Pour le reste, je remets à Dieu sa propre cause ; c’est pour lui que je suis pros-