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ONZIÈME SIÈCLE

eux personne qui entendît le danois ; ils étaient obligés d’envoyer leurs enfants l’apprendre chez les Saxons de Bayeux[1]. Les noms de ceux qui suivent Guillaume-le-Bâtard, sont purement français[2]. Les conquérants de l’Angleterre abhorraient, dit Ingulf, la langue anglo-saxonne. Leur préférence était pour la civilisation romaine et ecclésiastique. Ce génie de scribes et de légistes qui a rendu leur nom proverbial en Europe, nous le trouvons chez eux dès le dixième et le onzième siècle. C’est ce qui explique en partie cette multitude prodigieuse de fondations ecclésiastiques chez un peuple qui n’était pas autrement dévot. Le moine Guillaume de Poitiers nous dit que la Normandie était une Égypte, une Thébaïde pour la multitude des monastères. Ces monastères étaient des écoles d’écriture, de philosophie, d’art et de droit. Le fameux Lanfranc, qui donna tant d’éclat à l’école du Bec, avant de passer le détroit avec Guillaume et de devenir en quelque sorte pape d’Angleterre, c’était un légiste italien.

Les historiens de la conquête d’Angleterre et de Sicile se sont plu à présenter leurs Normands sous les formes et la taille colossale des héros de chevalerie. En Italie, un d’eux tue d’un coup de poing le cheval de

  1. App. 56.
  2. Aumerle, Archer, Avenans, Basset, Barbason, Blundel, Breton, Beauchamp, Bigot, Camos, Colet, Clarvaile, Champaine, Dispencer, Devaus, Durand, Estrange, Gascogne, Jay, Longspes, Lonschampe, Malebranche, Musard, Mautravers, Perot, Picard, Rose, Rous, Rond, Saint-Amand, Saint-Léger, Sainte-Barbe, Truflot, Trusbut, Taverner, Valence, Verdon, Vilan, etc., etc. On remarque dans cette liste plusieurs noms de provinces et de villes de France. Il reste encore plusieurs autres listes.