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HISTOIRE DE FRANCE

bavard Monstrelet ne leur suffisent pas. C’est dans la ferme foi, l’espoir en la justice qu’ils ont donné leur vie. Ils auraient droit de dire : « Histoire ! compte avec nous. Tes créanciers te somment ! Nous avons accepté la mort pour une ligne de toi. »

Que leur devais-je ? raconter leurs combats, me placer dans leurs rangs, me mettre de moitié aux victoires, aux défaites ? Ce n’était pas assez. Pendant les dix années de persévérance acharnée où je refis la lutte des Communes du Nord, j’entrepris beaucoup plus. Je repris tout de fond en comble pour leur rendre leur vie, leurs arts, surtout leur droit.

Le droit d’abord qu’avaient sur la contrée, ces villes, c’était le plus sacré des droits, d’avoir fait la terre même, de l’avoir prise sur les eaux, d’avoir par les canaux fait la vie, la défense, la circulation du pays. Elles firent et créèrent. Leurs maîtres ont détruit. Ce monde si vivant alors, qu’il est pâle aujourd’hui ! Qu’est-ce que la Belgique tout entière devant Gand, devant Bruges, devant cette Liège d’alors, dont chacune lançait des armées ?

Je plongeai dans le peuple. Pendant qu’Olivier de la Marche, Chastellain, se prélassent aux repas de la Toison d’or, moi je sondai les caves où fermenta la Flandre, ces masses de mystiques et vail-