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laisser sa petite fille à la bonté de la maîtresse et aller à l’hôpital.

Elle entra dans un de nos grands vieux hôpitaux où il y avait à ce moment beaucoup de fièvres typhoïdes. Le très-habile médecin qui l’y reçut prévit sans peine que sa petite fièvre prendrait ce caractère. Mais il espéra l’atténuer. On lui demanda si sa santé, en général, était bonne. Elle dit modestement : Oui, dissimulant la grave lésion intérieure, et redoutant un pénible examen.

Dans l’immensité de ces salles qui réunissent tant de souffrances, où l’on voit agoniser, mourir à côté de soi, la tristesse ajoute souvent à la maladie. Les parents sont admis à certains jours. Mais combien n’ont pas de parents ! Combien meurent seuls ! Celle-ci fut visitée par la charitable maîtresse, qui, pourtant, voyant plusieurs malades de la fièvre typhoïde, prit peur et ne revint plus.

L’aération nécessaire se fait encore, comme autrefois, par de vastes fenêtres, de grands courants d’air. On s’occupe sérieusement d’établir un meilleur système. Ces courants frappent des malades peu défendus par leurs rideaux. La petite toux qu’elle avait, devint une forte bronchite, puis une fluxion de poitrine. Épuisée depuis longtemps par une très-faible nourriture, elle n’avait pas la force