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levé à lui-même par leur naïve joie, il s’étonne et s’écrie : « Eh quoi !… J’avais tout oublié. »




Si Dieu a permis ce malheur qu’il y ait des orphelins, il semble que ce soit tout exprès pour la consolation des femmes restées sans famille. Elles aiment tous les enfants, mais combien plus ceux dont une mère n’accapare point l’affection ! L’imprévu, la bonne aventure de cette maternité tardive, l’exclusive possession d’un jeune cœur, heureux de se jeter au sein d’une femme aimante, c’est souvent pour celle-ci une félicité plus vive qu’aucun bonheur de la nature. À la joie d’être mère encore, se joint quelque chose d’ardent comme l’élan du dernier amour.

Rien ne rapproche plus de l’enfance et ne la fait plus aimer que la seconde enfance, expérimentée, réfléchie, qu’on appelle la vieillesse, et qui, avec cette sagesse, n’entend que mieux les voix du premier âge. C’est leur tendance naturelle ; enfants et personnes âgées, se cherchent, celles-ci charmées de la vue de l’innocence, et les enfants attirés parce qu’ils sont sûrs de trouver là l’indulgence infinie. Cela compose une des belles harmonies de ce monde.