Page:Michelet - La femme.djvu/415

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La cause vraie, profonde, générale, qui les mène au vice et au crime même, c’est l’ennui, la tristesse de leur vie. La vertu, pour une fille, c’est d’être quatorze heures par jour assise, faisant le même point (on l’a vu, pour gagner dix sous), la tête basse et l’estomac plié, le siège échauffé, fatigué. Sedet æternumque sedebit. Ajoutez, pour l’hiver, ce misérable brasero qu’elles ont, grelottantes, pour tout chauffage, et qui fait tant de maladies. Le cinquième des crimes de femmes est fait par les couseuses.

Ce pauvre enfant, la femme, a besoin de mouvoir, de varier ses attitudes. Toute sensation nouvelle lui est charmante ; mais il ne lui faut pourtant pas grande nouveauté pour être heureuse ; le petit mouvement du ménage, travail alterné, soins d’enfants, voilà son paradis. Aimez-la, rendez-lui la vie un peu plus douce, un peu moins ennuyeuse, et elle ne fera rien de mal. Ôtez-lui de la main, au moins pour quelques heures par jour, l’aiguille, ce supplice de monotonie éternelle. Qui de nous le supporterait ?




Madame Mallet a vu et bien vu les prisons. C’est un très-grand mérite. Qu’il est à souhaiter que nos