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porte rien, éclate, veut rentrer dans son bien. Sa famille influente sollicite ; ses domestiques, à elle, témoignent contre le mari. Elle reprendra sa dot. Mais sa liberté ? non. Si jeune encore, la voilà veuve. Et reprend-elle aussi (s’il faut le dire) l’intimité qu’elle a donnée, cette communion définitive qui livre la personne même, la transforme ? Non, non, elle ne peut la reprendre. Rien de plus douloureux.

Quoi donc ! n’est-il point de remise ? ne peut-on ramener le jeune homme ? Tout son vice, c’est l’âge. Il n’est ni méchant, ni avare. Cette dot, que les parents la gardent. C’est elle qu’il aimait et regrette. Il sent bien (et surtout étant séparé d’elle) qu’il n’en retrouvera pas une aussi désirable. Et cette fierté même qui leur fut si fatale, n’est-ce pas un attrait pour l’amour ?

« L’amour ! Mais nous n’avons que cela en ce monde… et demain nous mourrons. Aimez donc aujourd’hui… Je jure que vous aimez encore. »

Voilà ce qu’elle dit, cette tendre amie, et elle fait mieux que dire. Pendant qu’elle caresse et console la petite femme à sa campagne, un jour elle la pare, bon gré, mal gré, la fait jolie. Des visiteurs viendront. Un seul vient, et lequel ? Devinez-le, si vous pouvez.

« Le mari ? »