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effort, au contraire, est d’élever la personne aimante, tout au moins de la maintenir à son niveau, de cultiver l’union par ce qui la resserre, ce qui seul la rend réelle : l’égalité. Si les deux âmes étaient si disproportionnées, nul échange ne serait possible, nul mélange. On ne parviendra jamais à harmoniser tout et rien.




C’est le supplice que le colonel Selves (Soliman Pacha) ne craignait pas d’avouer. « Comment savoir qu’on est aimé, disait-il, avec la femme d’Orient ? » — Nous qui avons le bonheur de posséder dans nos femmes d’Europe des âmes et des volontés, quelque embarras que parfois ces volontés nous suscitent, nous devons éviter pourtant tout ce qui pourrait les briser, rompre en elles le ressort de l’âme. Deux choses surtout y seraient infiniment dangereuses.

La première, dont on abuse beaucoup trop aujourd’hui sur les femmes imprudentes, c’est l’ascendant magnétique. La facilité malheureuse qu’elles ont à le subir est une maladie véritable qui les trouble profondément et s’aggrave en la cultivant. Ce danger n’existât-il pas, c’est une honte de voir un homme qui n’est point aimé, et qui n’a rien