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de chambre, je l’admire trop pour le redire. Je n’y ajoute qu’un mot. — C’est que de l’homme à la femme tout est musique d’amour, musique de foyer et d’alcôve. Un duo, c’est un mariage. On ne prête pas son cœur, mais on le donne un moment, on se donne, et plus qu’on ne veut. Que dire de celle qui chaque soir chante avec le premier venu ces choses émues, pathétiques, qui mêlent les existences autant que le baiser suprême ? L’amant, le mari, viendront tard ; d’elle ils n’auront rien de plus.




Heureux celui dont la femme refait tous les jours le cœur par la musique du soir ! « Tout ce que j’ai, je te le donne, dit-elle… Mes idées ? non, je suis encore si ignorante ! mais je saurai tout avec toi… Ce que je puis te donner, c’est le souffle de mon cœur, c’est la vie de ma poitrine, âme flottante où mon amour nage comme une ombre indécise, un rêve. — Eh bien, prends mon rêve et prends-moi. »

« Ah ! que le rhythme m’a manqué ! dit-il. Quelle vie sauvage j’ai vécu… »

Elle veut, elle tâche, elle se livre… ne peut autant qu’elle voudrait. Car c’est si pur ! car c’est si haut !…

Il plane sur des ailes d’or dans le ciel profond de