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Dans un état plus haut, plus avancé, où nous arriverons, on comprendra pourtant que cette douce initiation vaut surtout par la voie nouvelle qu’elle donne pour aller au cœur, qu’elle n’est qu’un degré des progrès que l’amour fait dans la conquête successive de l’objet aimé. Ces progrès, en toute union sérieuse, ont précédé de loin la fête qui en est la proclamation. Le mariage d’âmes doit exister longtemps avant la noce, pour continuer après et augmenter de plus en plus.

Effaçons de la langue ce mot immoral et funeste : consommation du mariage. Celui-ci, état progressif, n’a sa consommation que dans l’ensemble de la vie.

La noce est le moment public de cette longue initiation. Utile, indispensable, comme garantie, elle a souvent, comme fête bruyante et éclatante, un très-mauvais effet, de faire tort au mariage. Ce bruit fait croire qu’un jour a tout fini, et que l’amour a tout donné. Les lendemains sont ternes et froids. La fête a le tort de dater ce qui devrait être éternel.

Non, même à ce moment divin, sache bien qu’il n’est tel que parce qu’il ne consomme rien, ne finit rien ; il est divin, parce qu’il commence. La douce idole s’est donnée en ce qu’elle a pu ; donnée en t’acceptant d’amour ; donnée en disant qu’elle est tienne ;