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donna à l’Angleterre, dès lors maîtresse des mers. Sans lui, nous aurions les deux Indes. Et pourquoi ? Nous étions aimés ; nous avions des enfants partout. Et les Anglais n’en ont nulle part (sauf un point, les États-Unis, où se porta, en corps de peuple, toute la masse des puritains).




Songez à tout cela, jeune homme. Et, sur le pavé de Paris, où vous avez tant ressources d’idées, d’arts et mille moyens de vous faire un homme, orientez-vous un peu, observez de tous côtés. Embrassez d’un regard hardi, sage, et l’ensemble de la science, et la totalité du globe, la généralité humaine. Aimez, et aimez la même, une femme aimante et dévouée, qui vous suive d’un grand cœur et dans l’incertain de la destinée, et dans l’audace inventive de vos courageuses pensées.

« Mais, monsieur, dit le jeune homme, veuillez comprendre pourquoi nous devenons si prudents, et d’une prudence de femmes. C’est que les femmes, les mères, nous font de telles conditions. Ces belles lois qui, dans les partages, les égalent à l’homme, les font riches et influentes, plus influentes que le père ; car celui-ci peut n’avoir qu’une fortune engagée, en jeu, et hypothétique, tandis que