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leurs filles, leur donnent l’éducation propre à créer le divorce.

« Quel est le dogme de la France ? Si elle ne le sait elle-même, l’Europe le sait très-bien ; sa haine le lui dit à merveille. Pour moi, c’est un ennemi, un étranger très-rétrograde qui me l’a un jour formulé : « Ce qui nous rend votre France haïssable, disait-il, c’est que, sous un mouvement apparent, elle ne change pas. C’est comme un phare à éclipse, à feux tournants ; elle montre, elle cache la flamme, mais le foyer est le même. — Quel foyer ? L’esprit voltairien (bien antérieur à Voltaire) ; — en second lieu, 89, les grandes lois de la Révolution — troisièmement, les canons de votre pape scientifique, l’Académie des sciences.

« Je disputai. Il insista, et je vois qu’il avait raison. Oui, quelles que soient les questions nouvelles, 89 est la foi de ceux même qui ajournent 89 et le renvoient à l’avenir. C’est la foi de toute la France, c’est la raison pour laquelle l’étranger nous condamne en masse, et sans distinction de partis.

« Eh bien, les filles de France sont élevées justement à haïr et dédaigner ce que tout Français aime et croit. Par deux fois elles ont embrassé, lâché, tué la Révolution : premièrement au seizième siècle, quand il s’agissait de la liberté de conscience ;