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l’histoire le grand courant identique de la moralité humaine.

Voulez-vous en croire quelqu’un qui a fait plus d’une fois cette grande navigation ? Voici ce qu’on y éprouve : exactement la même chose qui arrive au voyageur qui sort de la mer des Antilles ; l’infini des eaux au premier coup d’œil ; au second, sur le vert immense, une grande rue bleue se dessine ; c’est l’énorme fleuve d’eaux chaudes qui traverse l’Atlantique, arrive encore tiède à l’Irlande et qui, même à la pointe de Brest, n’est pas tout à fait refroidi. On le voit parfaitement, et mieux encore sur la route on en ressent la chaleur.

Tel vous apparaîtra le grand courant de la tradition morale, si vous portez sur l’histoire un regard un peu attentif.




Mais bien avant qu’on arrive à cette haute simplification où l’histoire devient identique avec la morale elle-même, je voudrais que ma jeune vierge eût été doucement nourrie de lectures saines et virginales, empruntées surtout à l’antiquité, même au primitif Orient. Comment se fait-il qu’on ne mette aux mains des enfants que les livres des peuples