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coup, car maman souffrira, si je fais mal… — Non, ma chère, dis-le tout de même. Et, quand j’en devrais pleurer, laisse en moi couler ton cœur. »

La confession filiale est tout le mystère de l’enfance. Celle-ci par sa confession de chaque soir, a dicté elle-même son éducation.




Avec un si doux chevet, elle a profondément dormi. Mais, qu’est-ce donc ? elle s’éveille. Treize ans et demi sont dépassés, et la voilà languissante. Que te faut-il, chère petite ? Jusqu’ici, rien ne te manque pour jouer et t’amuser. — Quand ta poupée n’a plus suffi, je t’en ai donné de vivantes ; tu as joué à la poupée avec toute la nature. Tu as bien aimé les fleurs, et tu en as été aimée. Tes oiseaux libres te suivent, jusqu’à oublier leur nid, et l’autre jour le bouvreuil (ceci n’est pas inventé) a quitté sa femme pour toi.

Je devine, il lui faudrait quelque ami, — non pas oiseau, ni fleur, ni papillon, ni chien, — un ami de son espèce. À quatre ans, cinq ans, sa mère la menait jouer aux Jardins d’enfants. Mais maintenant, à la campagne, elle n’a plus de petites filles. Elle avait bien encore son frère, plus jeune, qu’elle aimait