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Dans une promenade d’hiver, en février, la petite, regardant aux arbres les bourgeons rougeâtres, soupirait et demandait : « Serait-ce bientôt le printemps ? » Tout à coup elle s’écrie… Elle l’avait à ses pieds… Une petite clochette d’argent, marquée d’un point vert au bord, le perce-neige, disait le réveil de l’année.

Le soleil reprend bientôt force. Dès mars, à ses premiers rayons, variables et capricieux, tout un petit monde éclôt, les jeunettes, les pressées, primevères et pâquerettes, fleurs enfants qui cependant, par leur petit disque d’or, se disent enfants du soleil. Elles n’ont pas grand parfum, sauf, je crois, la seule violette. La terre est trop mouillée encore, narcisses, jacinthes et muguets apparaissent aux prés humides, dans l’ombre humide des bois.

Quelle joie ! et que de surprises !… Cette végétation innocente semble faite pour celle-ci. Chaque jour, elle en fait la conquête, recueille, amasse, lie, rapporte des bottes de petites fleurs qu’il faudra jeter demain. Elle va saluer une à une toutes les nouvelles venues, leur donner le baiser de sœur. Gardons-nous de la troubler dans cette fête du printemps. Mais, lorsque, un mois, deux mois passés, elle se sera satisfaite, je lui dirai : « Pendant que tu jouais, enfant, le grand jeu de la nature, la superbe et splendide transformation de la terre s’est accom-