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comme elle, donne à l’enfant des formes analogues aux cristaux. Tu es sûre qu’il s’en servira, comme d’autant de matériaux, les juxtaposant, les superposant. Son instinct est tel. Si on ne lui donne rien, il s’essaye avec du sable, qui fuit, s’écroule toujours.

Surtout, jamais de modèle sous ses yeux qui l’assujettisse. N’en fais pas un imitateur. Sois sûre que dans son esprit, tout au moins dans son souvenir, il trouvera les jolis types de sa petite architecture. Un matin, émerveillée, tu reconnaîtras ta maison.

« Miracle ! s’écrieras-tu. C’est lui qui a fait cela… Mon fils est un créateur ! »

C’est le nom propre de l’homme que tu viens de trouver là.

Ajoutez qu’en créant quelque chose, il va se créer lui-même. Il est son vrai Prométhée.

Et c’est pour cela, jeune mère, que du pur instinct de ton cœur, sans oser le dire, tout d’abord tu sentis bien qu’il était Dieu.

Mais voilà qu’elle a déjà peur : « S’il en est ainsi, dit-elle, il est déjà indépendant, tout à l’heure il va m’échapper ! »

Non, ne crains rien : bien longtemps, il reste dépendant de l’amour, il t’appartient, c’est son bonheur. S’il crée, c’est toujours pour toi. « Regarde, maman, regarde (rien ne serait beau pour lui sans