Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
COMME JADIS…

brisée ; les gants clairs déformés, pétris, roulés en boule, n’étaient plus qu’une pauvre chose, abandonnée, sans nom…

Sur ma table, la petite main bise, patinée de soleil, la petite main que de si loin vous m’avez tendue, Minnie, absorbe les dernières lueurs du jour… Je ne peux plus écrire, et cependant, je veux vous dire encore le calme indéfinissable, l’apaisement que votre lettre bonne, sensible, riche d’amitié est venue mettre dans ma journée.

Merci, chère petite amie, merci du meilleur de mon cœur pour l’aumône bénie.

Minnie, je m’inquiète comme un grand frère très soucieux de la sécurité de sa sœur. Vos hivers tragiques m’effraient, vos chevaux demi-domptés me font frémir dès que je vous imagine auprès d’eux… Je n’ose pas conseiller la prudence à la fille hardie de la Prairie ; et néanmoins si vous étiez un peu prudente, combien cela rassurerait votre dévoué cousin.

Gérard.

MINNIE À GÉRARD

Je reviens de la malle, mon cousin. Il fait froid, si froid que le fer crissant des sleighs adhère à la neige glacée dès que l’allure des chevaux se ralentit. Je me suis arrêtée une minute devant la porte