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COMME JADIS…

paraît que ce sera atténuer la violence du coup, si vous savez que celle qui doit vous renseigner vient d’être elle-même cruellement éprouvée par la perte d’un être infiniment cher…

Henri n’avait pas attendu votre lettre pour s’inquiéter du silence de son ami de Noulaine. La correspondance entre eux était aussi régulière que le permettent les événements. La dernière lettre de Gérard ne laissait aucun doute sur la gravité de l’action préparée pour le lendemain. En effet, ainsi qu’on l’apprit plus tard, son régiment fut un de ceux qui devaient recevoir le premier choc de l’ennemi. Durant des semaines, autant que lui permettait son service, Henri multiplia les demandes d’informations. Votre lettre arriva. Ce fut moi qui la lui lus. Sur sa prière, je m’adressai à l’un de mes parents, haut fonctionnaire au ministère de la guerre, afin que fussent entreprises de nouvelles recherches…

Hélas, chère Mademoiselle, les craintes que le silence de Gérard éveillait, n’étaient que trop fondées… Votre fiancé est mort en héros à la tête de sa section, en entraînant la première vague d’assaut de cette résistance qui restera dans l’Histoire la miraculeuse bataille de la Marne.

Je vous communique la lettre du commandant Laporte reçue hier. Vous verrez dans quelle haute estime Gérard était tenu par ses chefs. C’est bien ainsi que je l’ai connu : « Généreux, chevaleresque,