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COMME JADIS…

— On vous l’avait dit ?

— Oui, et je voudrais que vous eussiez pu entendre en quels termes…

— L’opinion de Mademoiselle Maurane est flatteuse.

Maignan posa la question que je refrénais.

— Vous connaissez Mademoiselle Maurane ?

— Peu et beaucoup ; comme on peut connaître Jacqueline. Nous sommes condisciples. Nous avons préparé notre bachot ensemble, alors que son père enseignait au Lycée de Nantes. Je l’ai rencontrée, hier, tout à fait par hasard. Elle arrive de Bordeaux, la nouvelle résidence du professeur, et ne fait que traverser Nantes. Je lui avais parlé incidemment de la conférence de ce soir. Elle est curieuse d’étudier tous les milieux et puis elle me dit connaître M. de Noulaine et être très désireuse de l’entendre. C’est une étrange nature qui attire et inquiète… Oh ! pardon, fit-elle en se reprenant, j’oubliais qu’elle est de vos amies, Monsieur.

Elle ralentit le pas. La ligne des maisons s’interrompait brusquement. Des arbres gris secouaient doucement la tête au-dessus d’une grille en fer forgé.

— Me voici chez moi, ici ou là, dit-elle en indiquant le petit hôtel particulier dont on apercevait une fenêtre, illuminée, à travers les squelettes des arbres.

— Bonsoir ! Ma vieille maman veille encore. Qui