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COMME JADIS…

Je me hâte ; Mourier réclame. J’ai laissé couler l’heure à admirer, à passer par toutes les expressions de la joie. En bas, mes gens devaient me croire folle. Je les ai appelés, j’avais besoin de jouir de leur ébahissement. Quel concert d’exclamations !… Ils ne comprennent rien à ce cousin fantastique qui m’envoie des robes de contes de fée !

— Alors, c’est une robe à votre grand’mère ?

— C’est une robe qui a appartenu à mon arrière-grand ’tante.

Et comme je faisais valoir la robe en l’ajustant contre moi.

— Eh ben !… elle était à peu près de votre taille, conclut sentencieusement Mourier, en homme qui a le coup d’œil juste.

Mon cousin, il faut que je vous quitte — je vous quitte pour retourner caresser les plis soyeux, les faire chatoyer dans la lumière qui est pure et claire aujourd’hui. Merci encore du meilleur de mon cœur. Que votre amitié vienne au secours de mes mots impuissants, qu’elle leur fasse rendre tout ce que j’ai voulu mettre de gratitude sous leur imperfection.

Affectueusement vôtre,
Minnie.