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touche la subsistance et la liberté naturelle. Enfin il accorde des privilèges ou à des ordres entiers (ce qu’on appelle des privilèges de liberté), ou à des individus d’un mérite extraordinaire qu’il tire de la foule pour les élever aux honneurs civils. Ces privilèges sont des lois d’interêt privé, dictées par l’équité naturelle. Aussi la monarchie est-elle le gouvernement le plus conforme à la nature humaine, aux époques où la raison est le plus développée.


§ III.


Réfutation des principes de la politique de Bodin.


Bodin suppose que les gouvernements, d’abord monarchiques, ont passé par la tyrannie à la démocratie et enfin à l’aristocratie. Quoique nous lui ayons assez répondu indirectement, nous voulons, ad exuberantiam, le réfuter par l’impossible et par l’absurde.

Il ne disconvient point que les familles n’aient été les éléments dont se composèrent les cités. Mais d’un autre côté il partage le préjugé vulgaire selon lequel les familles auraient été composées seulement des parents et des enfants [et non en outre des serviteurs, famuli]. Maintenant nous lui demandons comment la monarchie put sortir d’un tel état de famille. Deux moyens se présentent seuls, la force et la ruse. La force ? Comment un père de famille pouvait-il soumettre les autres ? On conçoit que dans les démocraties les citoyens aient consacré à la patrie et leur personne et leur famille dont elle assurait la conserva-