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que suivent éternellement les nations. Nous les montrerons, malgré la variété infinie de leurs mœurs, tourner, sans en sortir jamais, dans ce cercle des trois ages : divin, héroïque et humain.

Dans cet ordre immuable, qui nous offre un étroit enchaînement de causes et d’effets, nous distinguerons trois sortes de natures, desquelles dérivent trois sortes de mœurs ; de ces mœurs elles-mêmes découlent trois espèces de droits naturels qui donnent lieu à autant de gouvernements. Pour que les hommes déjà entrés dans la société pussent se communiquer les mœurs, droits et gouvernements dont nous venons de parler, il se forma trois sortes de langues et de caractères. Aux trois âges répondirent encore trois espèces de jurisprudences appuyées d’autant d’autorités et de raisons diverses, donnant lieu à autant d’espèces de jugements et suivies dans trois périodes (sectæ temporum). Ces trois unités d’espèces, avec beaucoup d’autres qui en sont une suite, se rassemblent elles-mêmes dans une unité générale, celle de la religion honorant une Providence ; c’est là l’unité d’esprit qui donne la forme et la vie au monde social.

Nous avons déjà traité séparément de toutes ces choses dans plusieurs endroits de cet ouvrage ; nous montrerons ici l’ordre qu’elles suivent dans le cours des affaires humaines.


§ II.


Trois espèces de natures.


Maîtrisée par les illusions de l’imagination, faculté d’autant plus forte que le raisonnement est plus faible,