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désire, obtient ce qu’il en doit prétendre, et c’est ce qu’on appelle le juste. La dispensatrice du juste parmi les hommes, c’est la justice divine, qui, appliquée aux affaires du monde par la Providence, conserve la société humaine.

La science nouvelle sera donc, sous l’un de ses principaux aspects, une théologie civile de la Providence divine, laquelle semble avoir manqué jusqu’ici. Les philosophes ont ou entièrement méconnu la Providence, comme les Stoïciens et les Epicuriens, ou l’ont considérée seulement dans l’ordre des choses physiques. Ils donnent le nom de théologie naturelle à la métaphysique, dans laquelle ils étudient cet attribut de Dieu, et ils appuient leurs raisonnements d’observations tirées du monde matériel ; mais c’était surtout dans l’économie du monde civil qu’ils auraient dû chercher les preuves de la Providence. La science nouvelle sera, pour ainsi parler, une démonstration de fait, une démonstration historique de la Providence, puisqu’elle doit être une histoire des décrets par lesquels cette Providence a gouverné, à l’insu des hommes, et souvent malgré eux, la grande cité du genre humain. Quoique ce monde ait été créé particulièrement et dans le temps, les lois qu’elle lui a données n’en sont pas moins universelles et éternelles.

Dans la contemplation de cette Providence éternelle et infinie la science nouvelle trouve des preuves divines qui la confirment et la démontrent. N’est-il pas naturel en effet que la Providence divine, ayant pour instrument la toute-puissance, exécute ses décrets par des moyens aussi faciles que le sont les usages et coutumes suivis librement par les hommes… que, conseillée par