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les images des choses. De même le sens interne ; c’est en remarquant la blessure, au sortir du combat, que l’on sent la douleur. Pareillement le véritable intellect est une faculté par laquelle, en comprenant quelque chose, nous la faisons vraie. Aussi l’arithmétique, la géométrie et leur fille la mécanique résident dans une faculté de l’homme ; nous y démontrons le vrai parce que nous le faisons. Mais les choses physiques sont dans la faculté du Dieu tout-puissant, en qui seul la faculté est vraie, parce qu’elle est parfaitement libre, aisée et rapide ; de sorte que ce qui est faculté en l’homme, est simple acte en Dieu ; il suit de ce qui précède, que de même que l’homme en dirigeant sa pensée sur un objet engendre les modes des choses et leurs images, c’est-à-dire le vrai humain, de même Dieu engendre par sa pensée le vrai divin, et fait le vrai créé. Si nous disons improprement en italien que les statues et les peintures sont les pensées de leurs auteurs (pensieri degli autori), on peut dire proprement que tous les êtres sont des pensées de Dieu (pensieri di Dio.)


§ I. — Du sens.


Les Latins désignaient par sensus non seulement les sens externes, comme par exemple la vue, et le sens interne qui se nommait animi sensus, comme la douleur, le plaisir, la tristesse, mais aussi les jugements, les délibérations et même les vœux. Ita sentio, c’est ainsi que je juge ; stat sententia, cela est résolu ; ex sententia evenit, selon mon désir ; et dans les formules :