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Mais voici les syrtes et les écueils. Comment Dieu peut-il être le moteur de l’âme humaine ? Tant de choses mauvaises, tant de turpitudes, tant de faussetés, tant de vices ! Comment accorder en Dieu la science souverainement vraie et absolue, et dans l’homme le libre choix de ses actes ? Nous savons avec certitude que Dieu a la toute-puissance, l’omniscience, la bonté suprême ; pour lui, penser est le vrai, vouloir est le bien ; sa pensée est parfaitement simple et toujours présente ; sa volonté, stable et irrésistible. Bien plus, comme nous l’enseigne la sainte Écriture, nul de nous ne peut aller au Père, si le Père ne l’y traîne. Et comment sommes-nous traînés, si c’est volontairement ? Écoutons saint Augustin. « Nous voulons être entraînés, nous le voulons de grand cœur ; c’est par le plaisir qu’il entraîne. » Quoi de mieux en harmonie et avec la volonté divine, toujours conséquente à elle-même, et avec la liberté de l’homme ? C’est ce qui fait que dans nos erreurs mêmes nous ne perdons pas Dieu de vue, car ce qui nous attire dans le faux, c’est l’apparence du vrai, et dans le mal le semblant du bien. Nous ne voyons que du fini, nous nous sentons finis ; mais c’est à l’infini que nous pensons. Il nous semble voir que le mouvement est produit par les corps, et transmis par les corps jusqu’à nous ; mais ces productions mêmes et ces communications de mouvement nous montrent et nous prouvent que c’est Dieu, et Dieu esprit qui est l’auteur du mouvement. Nous voyons droit le tortu, un le multiple, identique le différent, immobile le mobile ; mais comme ni le droit, ni l’un, ni l’identique, ni l’immobile ne sont dans la nature, se tromper en tout cela, c’est