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conjecturer que les anciens philosophes de l’Italie définissaient l’animus et l’anima par le mouvement de l’air. Et, en effet, le véhicule de la vie c’est bien l’air, qui, inspiré et transpiré, meut le cœur et les artères, et dans le cœur et les artères le sang ; ce mouvement du sang, c’est la vie même. Le véhicule de la sensation, c’est encore l’air, qui, s’insinuant dans les nerfs, en agite les fluides, en distend, gonfle et ébranle les fibres. Maintenant l’air qui meut le sang dans le cœur et les artères s’appelle dans l’École esprits vitaux ; et celui qui meut les nerfs, leur suc et leurs fibres, s’appelle esprits animaux. Or, le mouvement de l’esprit vital est bien plus rapide que celui de l’esprit animal ; car dès que vous le voulez, vous levez le doigt ; tandis qu’il faut beaucoup de temps, au moins le tiers d’une heure, comme quelques médecins l’ont prouvé, pour que le sang parvienne du cœur au doigt par la circulation du sang. De plus, les nerfs contractent les muscles du cœur et les dilatent tour à tour, systole et diastole qui entretiennent le mouvement perpétuel du sang ; en sorte que c’est aux nerfs que le sang est redevable de son mouvement. Ainsi, ce mouvement mâle et actif de l’air qui se fait par les nerfs, c’est l’animus ; ce mouvement efféminé du sang, et pour ainsi dire succube, c’est l’anima. Lorsque les Latins parlaient d’immortalité, ils l’attribuaient à l’animus et non à l’anima. Faut-il chercher l’origine de cette locution, en ce que ceux qui l’ont formée considéraient les mouvements de l’animus comme libres et volontaires, tandis qu’ils voyaient que les mouvements de l’anima ne peuvent se passer de cet instrument corruptible du corps, et que l’animus, ayant ses mouvements libres, aspire à