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L’ESCOLE DES FILLES.


resses ne sont pas douces à supporter et si je n’ay pas occasion de me louer de ma bonne fortune qui m’a procuré un amy qui en sçait si bien user dans le temps et qui est si raisonnable d’ailleurs.

Fanchon. Certainement je reconnois que c’est un art bien difficile à apprendre que celui-là, ma cousine, et il y auroit bien encore plus de choses à dire, ce me semble, si l’on demandoit les raisons particulières de chaque point.

Susanne. Vrayement il ne faut pas que tu doutes qu’on n’y puisse adjouster, et quand je te reverray, j’espère bien de t’en raconter davantage. Mais parlons encore de mon amy ; à propos, que t’en semble, encore une fois ?

Fanchon. Je vous dis que vous estes bien heureuse, ma cousine, et que vostre mérite aussi vous rend digne en partie du bien qu’il vous fait recevoir.

(49) Susanne. Point du tout, mon cœur, car mon mérite ne le rend point sage comme il est. Tu ne sçaurois croire au reste la discrétion qu’il a pour moy : quand nous sommes devant le monde, il n’oseroit presque me regarder, par respect, et il semble qu’il n’auroit pas la hardiesse de baiser le bas de ma robe, tant il a peur de m’offenser, et cependant, il faut advouer qu’il sçait si bien bannir le respect quand il est