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L’ESCOLE DES FILLES.


pour vous dire franchement mon advis, j’aimerois mieux les conclusions en ces sortes d’affaires que de m’amuser autant de sortes d’apprêts que vous m’avez là racontés.

(47) Susanne. C’est au contraire de ce que tu dis. La conclusion ne peut manquer, et cela estant, il faut estre plus mesnagère de ce plaisir, qui autrement seroit de courte durée sans la préparation qu’on lui apporte. Or si je croyois assez avoir de temps avant que Robinet fust venu, je te ferois un petit discours qui te serviroit encore bien d’instruction là-dessus.

Fanchon. Hé ! de grâce, ma cousine, puisque nous y sommes, achevez, et faites que je vous aye l’obligation entière.

Susanne. Apprens donc qu’il y a cent mille délices en amour qui précèdent la conclusion, et lesquelles on ne peut autrement gouster que dans leur temps, avec loisir et attention, car autre chose est le baiser que l’attouchement, et le regard que la jouissance parfaite. Chacun de ces quatre a ses différences ou divisions particulières. Il y a premièrement le baiser du sein et de la bouche et des yeux, bref de tout le visage ; il y a le baiser mordant, qui se fait par l’attouchement et impression des dents dedans la chair ; le baiser de la langue, qui est le plus suave, et le baiser des autres parties du corps,