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LE COMBAT DU VIT ET DU CON


Qui, maistresse des airs, ne cesse d’attaquer
De la gresle et du feu le sommet d’un rocher.
Le con s’en prévalant, avec ses saffres lippes
Lui presse l’estomach, lui faict crever les trippes,
Luy faict cracher du sang et revomir dehors
Tout ce que le pauvret avoit dedans le corps.
Tenant le vit aux crins, il le gourme et pelote
Et luy donne cent coups de matrice et de motte,
Tant que le pauvre vit, affoibly de ces coups,
Sentit diminuer sa force et son courroux.
Tous ses efforts descheux irritent la blessure
Dont le con enfouré luy crève la tresseure,
Et d’où soudain sortit comme un torrent de sang
Que la chaleur avoit changé de rouge en blanc.
Tous deux esvanouis tomberent en ces termes,
L’un sur l’autre estendus, barbottant dans les spermes.
Tel fut doncq le combat et l’avantage esgal.
Mais on dit que du vit la blessure va mal,
Ayant esté frappé d’une lame rouillée
De tant de sangs divers dont elle estoit souillée,
De cancer et vérole, emplastrum et pulvis,
Peste de la santé, mortel poison des vits.
Joint qu’on dit que le coup lui respond dedans l’ayne,
Où il se pourroit bien former une gangrène.
Mais on dit que le feu, qui purifie tout,
Avec deux mois de jeusne en peut venir à bout.