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LE COMBAT DU VIT ET DU CON


Et mettant une bride à son ressentiment,
On ne l’entendoit pas dire un mot seulement.
Mais du con ce silence irrite le courage,
Son ardeur le suffoque, il s’enfle le visage.
Et pour se soulager et respirer un peu,
Il est contraint d’ouvrir ses deux lèvres de feu.
Ce fut là qu’il fit veoir une montagne ouverte,
D’un duvet tremblottant espaissement couverte,
Et qui depuis le haut de deux costeaux bossus
Par ondes va roullant ses petits poils moussus,
Jusqu’au bord d’une fente à la belle bordure,
Esclatant de vermeille et brillante peinture.
Une ombre claire et fraische à l’entrée de son creux
Le voiloit, le rendant mignardement affreux,
Laissant veoir le dedans, de peau grasse et douillette,
Moins rouge que le drap de couleur fiammette.
Au fond du val rioient milles petit sillons
Sur un champ de gras double, émaillé de rillons.
D’un trou voisin souffloit une subtile haleine,
Rafraischissant partout ce beau taillis de layne,
Où tout autour dormoient mille petits amours
Munis d’autant de pieds que les ans ont de jours.
Au milieu, la matrice, en forme d’une langue,
Paroissoit à tout coup vouloir faire une harangue.
Soudain, dessus le bord avançant son museau :
— Je suis, dit-elle, ô vit, la mort et le tombeau,
Flasque si l’on te voit tant seulement paroistre.
Alors le vit, mettant la teste à la fenestre,