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L’ESCOLE DES FILLES


reproche, promettant affirmativement qu’elle ne sçait ce que c’est dont on luy parle et qu’elle n’y entend point de finesse. Je veux aussi qu’elle soit sobre à table et aux festins où elle se trouvera, boive peu et mange médiocrement, parce que c’est là encore qu’on reconnoît mieux l’humeur d’une fille, selon qu’elle est plus ou moins portée aux autres plaisirs, et que les discours et les actions y sont ordinairement plus libres. C’est pourquoy elle prendra garde de ne point faire d’excès, et si elle est excitée à commettre quelques libertés pour donner carrière à son esprit, il faut qu’elle y soit emportée par l’exemple ou le consentement de toute la compagnie qui n’y trouvera rien à redire ; autrement elle s’en doibt empescher. De plus, elle doibt sçavoir danser, chanter, aymer la lecture des livres d’amour, soubs prétexte de s’instruire à parler proprement sa langue naturelle, et n’y point faire de faute ; avoir son esprit souple aux belles passions d’amour qui y sont représentées, en sorte qu’elle se laisse captiver comme pour soy-mesme aux incidens du roman et aux récits qui sont les plus capables d’insinuer l’amour dans les cœurs.

Fanchon. Cela est bien galand, ma cousine.

Susanne. Avec toutes ces dispositions tant