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L’ESCOLE DES FILLES


et le voylà d’une autre : c’est une autre correspondance de l’amour, laquelle ne vient pas de ceste considération d’une moitié, comme il arrive dans la distinction que nous avons faicte de l’homme en deux parties séparées, mais plustost c’est que l’homme et la femme estant considérés comme deux touts parfaicts, ils désirent, par la grande affection qu’ils se portent, de se transformer l’un dans l’autre.

Fanchon. Mais il ne faict rien pour cela que la femme doibve tenir le dessus plustost que le dessoubs.

Susanne. Si fait bien ! il y faict, et elle le doibt ; en voicy la raison : c’est une propriété donc, de l’amour reconnue, que l’amant souhaicte que l’amour luy transforme en la chose aymée.

Fanchon. Eh bien, je l’avoue.

Susanne. Or, en ceste posture où la femme est dessus et l’homme dessoubs, il y a une ressemblance de ceste métamorphose, par la mutation des devoirs qui est réciproque ; au moyen de quoy l’homme se revest entièrement des passions de la femme, et ceste posture luy figure qu’il a changé de sexe, et la femme réciproquement s’imagine d’estre devenue homme parfaict dans la situation qu’elle luy faict garder, se sentant esprise du désir d’en faire les mesmes fonc-