Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
L’ESCOLE DES FILLES


vent pour nous en donner à gogo ? Cela leur faict penser, quand nous leur touchons, que nous ne nous rebutons pas, et que nous voulons comme dire en nous-mesmes, tandis qu’ils nous regardent faire : Je prends plaisir à toucher cela avec la main, parce que c’est tout mon bien et mon bon-heur, parce que je l’ayme ainsi faict comme il est et que c’est par luy que je doibs recevoir mon plus grand plaisir. Cela les oblige bien sensiblement de leur costé, et l’attouchement de la main est bien plus exquis et qui faict mieux examiner à la femme qui taste ce que c’est de cest engin, par le soin qu’elle y apporte, que si elle se servoit de celuy de quelque autre membre. Cest attouchement aussi a bien plus de suc et de mouelle pour eux et les pénètre jusqu’au fond, et le simple maniement volontaire d’une main blanche et délicate qui se promène autour de leur baston pastoral est suffisant pour leur expliquer tous les mouvements du cœur de leur dame. La main qui s’applique doucement sur quelque chose est comme le symbole de l’amitié qu’elle lui porte, comme aussi quand elle s’applique trop rudement elle est un tesmoignage de haine. Nous touchons ordinairement les choses que nous aymons avec la main : deux amis se touchent dans la main pour dire qu’ils s’ayment, mais