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L’ESCOLE DES FILLES


six sepmaines, et quand mesme on serait espiée, il ne faut qu’un jour ou deux pour se descharger. Après, vous voylà aussi gaye que Perrot : on enlève l’enfant, que l’on donne à une nourrice, et tout cela aux despens de qui l’a fait. Va, va, tu ne connois pas toutes celles qui ont passé par là, et à qui il ne paroît point.

Fanchon. Ma cousine, je m’en doubte et ne craindray plus tant ce malheur, ce me semble, car je me représente encore que c’est une satisfaction bien grande d’avoir mis au monde une créature raisonnable, qu’on a faite avec une personne qu’on ayme.

Susanne. Il est vray cela.

(57) Fanchon. Mais après tout, ces filles qui sont si timides et qui ont si peur d’engrosser, comment peuvent-elles donc faire pour se passer d’hommes, quand l’envie leur en prend et les surmonte si fort que le con estant tout en chaleur il n’y a aucune allegeance de quelle façon vous le frottiez ?

Susanne. Je te diray, cousine, il y en a qui n’ont jamais esté touchées d’aucun et qui ne laissent pas pourtant de se bien donner de bon temps à s’exciter à la volupté, sans crainte de cela.

Fanchon. Comment peuvent-elles donc faire ?

Susanne. J’ai leu dans un livre d’histoire d’une fille de roy, qui se servoit d’une plaisante