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L’ESCOLE DES FILLES

Fanchon. Et il n’y auroit pas moins de plaisir à la fille pour cela, s’ils ne menoient pas tant de bruict (à voir toutes les simagrées qu’ils font). Et cela estant qu’ils ne s’en peuvent empescher, comme vous dites, je ne voudrois non plus avoir affaire à ces gens là qu’à des cloches, et je tascherois mesme d’éviter leur rencontre comme la peste, tant j’aurois peur qu’ils ne criassent, seulement à me voir, comme s’ils estoient après. Car enfin, il ne tiendroit donc ainsi qu’à scandaliser les pauvres filles, veu qu’ils ne sçauroient faire rien que tout le monde ne sçache, et qu’ils n’ont point de honte de tant faire le fou. Certes, il est bien permis de se divertir autant que l’on peut et de prendre du plaisir sans scandale, mais non pas de crier ainsi comme des perdus, à gorge déployée.

Susanne. Les filles aussi, pour ne pas mentir, y sont subjettes quelquefois aussi bien que les hommes, et tandis qu’elles font bien leur devoir de remuer du croupion et de pressurer la grappe soigneusement pour faire que le jus en sorte, elles cornent continuellement à l’oreille de celuy qui est dessus, emportées du plaisir qu’elles ont : Eh ! hau ! hau ! mon fils, mon mignon, pousse le donc et mets-y tout ! et disent quasi toutes les mesmes choses que les hommes. Mais pour ceux cy, ils ne sont pas si