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depuis longtemps aux Russes ; il était juste d’assurer aux autres alliés des avantages équivalents. Ribot dut donner lecture de ce document, tiré sans doute des archives tzaristes par le nouveau gouvernement russe. La France recevait en partage, non seulement l’Alsace de 1814, mais encore la Syrie, terre promise à de pieuses influences et aux entrepreneurs de voies ferrées, et enfin le Kurdistan. La plupart des députés ignoraient jusqu’à l’existence de ce dernier pays. Pendant une suspension de séance, ils se ruèrent dans les couloirs, afin de le découvrir sur les grandes cartes murales.

Mon mari accueillit ces stupéfiantes nouvelles de fort méchante humeur. Il semblait connaître l’accord franco-anglais de février dernier. Mais il était furieux qu’on l’eût divulgué, surtout qu’on eût ouvertement parlé des charbonnages de la Sarre et de la rive gauche du Rhin. C’était inutile et stupide. Il en prit à témoin le sénateur Foucard et le petit père Butat, le directeur du puissant journal le Bonjour. N’aurait-on pas dû se borner à cette formule inattaquable : « La sécurité assurée de notre frontière de l’Est ? »