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monde se parle. Un lieutenant montre le communiqué à un Anglais qui ne comprend pas le français et lui explique : « Good, good, very good ». Dans le couloir, un civil enseigne un capitaine : « Je vous dis qu’ils sont huit cent mille dans la nasse ». L’officier demande timidement : « Vous êtes sûr ? » Le stratège l’entraîne à l’écart et, d’un doigt décisif, sur la carte du front publiée par son journal, il indique la manœuvre : « Tenez : comme ça et comme ça ». Le capitaine ne paraissant pas absolument convaincu, l’autre insiste : « Huit cent mille, je vous dis, pas un de moins. Et on les raflera tous. »

1er août 1918.

Les journaux marquent l’entrée dans la cinquième année de guerre. Tous annoncent la victoire. Aucun ne la définit. Mais surtout, ils prêchent les sacrifices, la résignation, sur un ton et dans un esprit religieux.