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depuis douze jours dans l’indifférence générale, s’est terminé par la condamnation à mort de l’administrateur Duval et par la condamnation aux travaux forcés de rédacteurs qui ne cessèrent pas de crier leur innocence.

Ce journal était accusé d’avoir entrepris — dans la courte mesure où le lui permit la censure — « la première campagne destinée à préparer les Français à l’idée d’un compromis de nature à hâter la fin de la guerre. » C’est un crime. D’ailleurs, pour l’accusation, tout article qui n’attise pas la haine, qui ne réclame pas la vengeance, est criminel. C’est un crime de vouloir rester impartial, ou de maudire la guerre en soi.

Ce procès s’est déroulé, comme celui de Bolo, dans une rouge atmosphère de fureur, de passion, de zèle exalté, d’âpre fanatisme. Là encore, on réclame « pour satisfaire l’opinion publique » des têtes que la presse avait désignées à cette même opinion.

19 mai 1918.

Les hasards de la mise en pages.