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les vœux en faveur du retour du tzar ne sont pas platoniques… À n’écouter que ses dirigeants, notre République considère comme une calamité la naissance d’une autre république, russe ou allemande. On croit rêver.

Par une coïncidence fâcheuse, une dépêche annonça, pendant la courte genèse du nouveau ministère, que ce général Kornilof avait réussi son coup d’État militaire. Sans doute verrait-il d’un œil satisfait s’établir en France un gouvernement qui fût, à l’exemple du sien, délié des partis avancés. Ses désirs se trouvaient donc exaucés. La dépêche fut reconnue fausse, trop tard…

Ce divorce entre les socialistes et le pouvoir, après trois ans d’union, marque bien que la véritable lutte n’est pas entre les peuples qu’on a jetés les uns contre les autres, mais qu’elle est, dans chaque pays, entre dirigés et dirigeants. Dans un camp, les partisans de la paix d’équilibre ; dans l’autre, les partisans de la paix d’écrasement. La guerre courte contre la guerre longue. D’un côté, ceux qui ont lié partie avec le peuple, s’inspirent de son sentiment vrai, de ses souffrances étouffées. De l’autre ceux, qui, insensibles aux pertes, n’écoutent que leurs intérêts passionnés.