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cœurs. Elle y fait vibrer ce sentiment pur et vivace, qui s’insurge toujours contre l’odieuse et stupide annexion de 1871. « Ces deux provinces n’ont pas cessé d’être françaises. Leur demandera-t-on de le redevenir ?… À quoi bon consulter ces populations qui, depuis quarante sept-ans, tendent vers nous des bras suppliants, qui résistent héroïquement à la germanisation ? » Mais on se garde bien d’indiquer qu’il s’agit cette fois de l’Alsace de 1814. Et la foule l’ignore !

Ici, on en discute fort, les journaux en main. On s’indigne contre les socialistes, une fois de plus. Mon mari cache sous de grands mots son arrière-pensée. Il sait que je ne suis pas dupe et s’en irrite. Il fonce sur moi :

— Enfin, est-ce que tu demanderais aux Bourguignons s’ils veulent être Français ?

— En tout cas, je n’y verrais pas d’inconvénient.

Son compère, notre voisin Foucard, voit rouge à la seule pensée qu’on puisse inviter les Alsaciens-Lorrains à disposer d’eux-mêmes. Et il déclare superbement :

— Nous ferons leur bonheur malgré eux.