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« Une façon pour eux de connaître les tranchées », grommelle mon vieux Paron, à qui sa haine des héros de l’arrière arrache ce piètre jeu de mots.

22 juin 1917.

Pour la première fois, les journaux parlent des rébellions. Mais c’est pour dénoncer la main de l’Allemagne et pour exiger de sévères répressions.

Hélas ! Pour sévir, on n’a pas attendu le signal de la presse. Ces exécutions me hantent. Je les vois. Combien a-t-on fusillé de ces malheureux ? Impossible de savoir. Les uns disent seize, les autres cent, deux cents, quatre cents… Comment les a-t-on choisis ? Comment les a-t-on jugés ? Je sais seulement que, depuis une quinzaine de jours, on leur a enlevé le droit de recourir à la révision. Qui les a fusillés ? On a dit : des Annamites. Mais il s’est trouvé aussi des Français pour tirer sur leurs camarades, dont les pauvres corps avaient bien reçu les douze balles. Oh ! la sur-horreur…

Et je pense sans cesse à ce mot terrible d’un