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En apparence, les Girondins n’avaient pas de plus furieux adversaire que Marat. Il n’était pas seulement, selon l’expression de Charlotte, « à la cime de la Montagne », il était aussi l’orateur adoré des hurlantes, des frénétiques tribunes. Il était le porte-parole de forces extérieures, plus exaltées, dont il devait prendre le ton, pour rester leur chef : les Sections armées, les Clubs des Jacobins et des Cordeliers, et surtout la Commune de Paris.

Marat appelait avec mépris les Girondins les hommes d’État, comme s’il avait voulu, opposant État à l’action, leur reprocher par là de n’être pas des hommes d’action. Il les accusait d’être les fourriers de la contre-révolution. Il feignait de les croire les complices du général Dumouriez, le récent vainqueur de Jemappes et de Valmy, et qui venait de passer à l’étranger. Ouvertement, il les dénonçait comme traîtres. Ils voulaient non seulement démembrer la patrie, mais encore la perdre.

Charlotte admirait pleinement les Girondins. Elle aimait leur courage et leur générosité, leur esprit et leur éloquence. On leur reprochait d’être un peu des poètes. Mais ces poètes-là avaient vraiment fondé la Répu-