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de son langage et de son journal, tout le désignait d’abord à l’attention. Il était le plus voyant. De loin, il masquait de sa silhouette inhumaine deux hommes qui pourtant le dominaient, l’un tumultueux, l’autre glacé : Danton, Robespierre.

Oh ! non, Charlotte n’était pas seule à maudire Marat et sa séquelle. Ceux même de ses amis qui exerçaient l’autorité, comme Bougon Longrais, dénonçaient publiquement les factieux. Depuis le début de l’année, les corps constitués du département avaient, à trois reprises, envoyé de solennelles Adresses à la Convention.

Elles incriminaient « une poignée de scélérats, d’agitateurs orgueilleux, de monstres sanguinaires, qui tendaient à opprimer l’Assemblée, à perpétuer le désordre et l’anarchie ». Elles déploraient la tyrannie des tribunes. Surtout elles adjuraient la Convention de mettre fin à ces dissensions qui la déchiraient, l’affaiblissaient et qui entraînaient le malheur public. Toutes nommaient Marat.

Ces pathétiques Adresses étaient semées d’allusions empruntées à l’histoire ancienne. En effet, la Révolution s’était donné pour modèle la République romaine, son culte fa-