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Mais à la fin d’août, on apprit que les armées ennemies avaient pris Longwy et menaçaient Verdun. Aussitôt retentit le cri de la panique : « Nous sommes trahis ! » Affolée de haine, hallucinée de complots, la foule aveugle était désormais prête à toutes les violences.

Paris donna l’exemple. C’est le 5 septembre que l’on connut à Caen les massacres des prisons. Des furieux s’étaient rués d’abord sur la prison de l’Abbaye. À coups de sabre et de fusil, ils avaient tué des prêtres réfractaires par centaines, des officiers et des conspirateurs royalistes, des suspects. Puis la tache de sang s’était étendue, de prison en prison. On avait massacré des voleurs, des tire-laine, des vagabonds, des vieillards, des femmes de la noblesse, des filles publiques, même des enfants simplement détenus en correction. On avait porté sous les fenêtres de la Reine, à la prison du Temple, les restes dépecés de son amie, la douce et timide princesse de Lamballe. Des scènes de pillage, de viol, de cannibalisme, avaient accompagné cette saoulerie de sang.

En même temps que ces atroces nouvelles, parvenait à Caen une circulaire du Comité de surveillance de la Commune. Elle invitait la