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Parfois ils en venaient aux mains, comme dans cette échauffourée que l’on continua d’appeler à Caen l’affaire du 5 novembre. Ce jour-là, le curé réfractaire de Saint-Jean avait annoncé qu’il dirait la messe à neuf heures du matin. Les deux clans, réunis devant l’église, échangèrent des injures, puis des coups de feu. On releva un mort, des blessés. Les tambours battirent la générale, la panique gagna la ville, le bruit se répandit d’un complot contre-révolutionnaire et la garde nationale arrêta plus de quatre-vingts partisans du prêtre réfractaire, qui furent enfermés au Château.

Cette affaire du 5 novembre frappa d’autant plus Charlotte que plusieurs des prisonniers étaient alliés à ses amis. On y trouvait des Achard, des Levaillant.

Elle s’affecta aussi vivement de l’affaire de Verson, quelques mois plus tard. Ce village, où sa tante possédait une maison, lui était familier. Elle écrivait à Mme Levaillant qu’on avait commis à Verson « toutes les abominations qu’on peut commettre ». Là encore, il s’agissait d’arrêter des prêtres non assermentés, coupables d’avoir dit la messe. Des gardes nationaux, entraînant avec eux des canons du Château, s’étaient chargés de l’expédition. Ils