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de son père et de son mari, s’était trouvée brusquement à la tête d’une grosse fortune. Se jugeant incapable de la gérer, elle eut la sagesse de prendre un intendant, un homme de confiance.

Il s’appelait Augustin Leclerc. Il avait tout juste vingt-cinq ans lorsque Charlotte le rencontra chez sa tante. Fils d’un arpenteur de la région, il possédait lui-même quelque bien. Il n’habitait pas la maison de la rue Saint-Jean, mais on l’y voyait chaque jour. Petit, vif, la figure ronde, le nez retroussé, il respirait l’intelligence. Aussi discret qu’ingénieux, il était partout. Il gérait tous les intérêts de Mme de Bretteville, surveillait ses valeurs et ses domaines, entretenait la maison, stimulait le zèle des deux vieux domestiques.

Il s’était instruit lui-même. Il avait suivi des cours de droit, de médecine, d’astronomie. Nourri des Encyclopédistes et des Philosophes, dont il possédait toutes les œuvres, il avait salué d’enthousiasme l’aurore de la Révolution.

À l’unisson sur ce point avec Charlotte, il avait tout de suite fait alliance avec la jeune fille. Ils avaient même entre eux de petits secrets. Comme il tenait les cordons de la